Le Yoseikan Budo comme remède face à un monde en mal de repères ? C’est en tout cas ce pense la famille Mochizuki, en transmettant les techniques de cet art martial et ces valeurs humanistes depuis 1975. Du fondateur de 83 ans, à ses petits-enfants en passant par ses fils et ses belles-filles, dans la famille, tout le monde se bat pour perpétuer « l’esprit Yoseikan » en France et à travers le monde.
À 83 ans, Maître Hiroo Mochizuki manie son naginata (arme japonaise en bois) avec toujours autant de précision et d’habileté. Une forme physique qu’il doit à ses entraînements hebdomadaires et une jeunesse d’esprit inébranlable.
Dans son petit dojo (salle d’entraînement) de Salon-de-Provence, Hiroo Mochizuki prend toujours autant de plaisir à enseigner. Selon lui, « chacun à quelque chose à apporter au Yoseikan » et il n’y a rien de plus « formidable » qu’un élève quittant son cours avec le sourire.
À 83 ans, Maître Hiroo Mochizuki enseigne toujours les arts martiaux. Descendant d’une lignée de samouraï, ce très haut gradé de nombreux sports de combat, dont le karaté, l’aïkido ou encore le judo, a fusionné toutes les techniques en sa connaissance pour créer le Yoseikan Budo.
Descendant d’une ligné de samouraï, le Maître a été initié au Yoseikan Budo par son père, Minoru Mochizuki, pionnier de la discipline. Ce dernier était l’élève des fondateurs du judo (Jigoro Kano), du karaté Shotokan (Gichin Funakoshi) et de l’aïkido (Moriheï Ueshiba).
Hiroo Mochizuki est la troisième personne à avoir reçu le titre honorifique du 10ème Dan de karaté en France, plus haute distinction de la discipline, très présente dans le Yoseikan Budo. Cette récompense lui a été attribuée à l’occasion de ses 80 ans, en mars 2016 et s’ajoute à un impressionnant palmarès allant de l’aïkido au ju-jitsu en passant par le judo.
Opposé à la rigueur traditionnelle japonaise, le fondateur aime comparer sa discipline à un « laboratoire de recherche des arts martiaux » et incite ses pratiquants à être créatifs « afin que les techniques ne restent pas figées mais évoluent sans cesse et vivent avec leur temps ». Une philosophie de vie liée aux cinquante années qu’il a passé en France, où il a fondé la fédération de Yoseikan Budo en 1975.
Pendant que le Maître et son fils Kyoshi discutent du planning des cours et des stages, Stéphanie Mochizuki, veille au bon fonctionnement du club de son beau-père, dont elle assure la présidence. Très impliquée dans le développement de la discipline en France et à l’étranger, elle est aussi responsable de la Commission Nationale de Yoseikan et secrétaire générale de la Fédération Mondiale. Avec leurs deux enfants, Kanji et Kensei (sur la photo), le couple a construit sa vie autour du Yoseikan Budo.
Kyoshi Mochizuki est très fier de son héritage familial, qu’il considère à la fois comme « une richesse et une responsabilité ». Selon lui, bien qu’une certaine maîtrise des techniques soit indispensable, c’est avant tout l’esprit « en évolution constante » du Yoseikan Budo qu’il espère transmettre.
Agathe Mochizuki, la femme de Mitchi est, elle aussi, une passionnée de Yoseikan Budo. Pendant l’un de ses entraînements à Saint-Cannat, dans les Bouches-du-Rhône, elle perfectionne ses mouvements sous le regard attentif de son professeur et beau-frère, Kyoshi. Elle les transmettra ensuite, à son tour, lors du cours réservé aux femmes qu’elle dirige à Aix-en-Provence.
Désormais, toute la famille Mochizuki participe à la transmission des techniques et savoirs de la discipline. Dans leurs écoles des Bouches-du-Rhône (Aix Yoseikan Budo et Yoseikan 13), les deux fils du Maître, Mitchi et Kyoshi enseignent à des centaines d’élèves à maîtriser le « coup de fouet du cow-boy », un mouvement ondulatoire permettant de créer une onde de choc. Directement inspiré des westerns, cette méthode propre au Yoseikan Budo reflète bien sa modernité et son ouverture au monde.
Osayan pratique le Yoseikan Budo depuis qu’il a quatre ans. Tout comme son frère, il adore s’entraîner avec son oncle Kyoshi et prend un malin plaisir à éviter les attaques au sabre en mousse de sa partenaire.
À la fin des cours, malgré la fatigue physique, Kayon et les autres élèves s’activent pour ranger les tatamis dans la réserve. Un dernier effort qui se déroule dans une ambiance bon enfant et qui reflète bien les valeurs d’entraide et d’humilité du Yoseikan Budo.
Contrairement à son frère, Kyoshi n’a pas grandi avec l’envie de devenir professeur. Ce n’est qu’après ses 20 ans que l’enseignement s’est présenté à lui comme une évidence. Aujourd’hui, il assure des cours réguliers en région PACA et à Monaco pour environ 200 élèves, dont ses deux neveux, Osayan et Kayon, à gauche sur la photo.
Derrière les gestes, les élèves apprennent à lutter contre leurs peurs et à améliorer la confiance en soi, ce qui contribuerait aussi au « développement psychomoteur des enfants », selon Mitchi Mochizuki. « Les coups de pieds et de poings tiennent l’autre à distance, tandis que les immobilisations au sol permettent de le ramener vers soi. Deux notions complémentaires qui favorisent leur capacité d’adaptation dans la vie de tous les jours ».
Sous le regard sévère de ces prédécesseurs, Mitchi enseigne depuis l’âge de 15 ans. Un destin qui semblait écrit puisque son nom complet, Mitchi-Hito signifie « celui qui montre la voie ».
Une centaine d’enfants de 4 à 12 ans suivent les cours de Mitchi Mochizuki dans son club provençal. À travers le Yoseikan Budo, il espère leur donner les outils pour devenir « acteur de leur propre progression » et n’hésite pas à se servir du jeu pour leur apprendre de nouvelles techniques.
À la fois combatif et bienveillant, ancestral et innovant, que ce soit sur les tatamis ou au quotidien, « l’esprit Yoseikan » des Mochizuki est aujourd’hui une source d’inspiration pour plus de 6500 licenciés en France et rayonne dans une quarantaine de pays.
Mitchi Mochizuki, considère le Yoseikan Budo comme un sport éducatif. Lorsqu’il enseigne dans son école d’Aix-en-Provence, il attache plus d’importance au comportement « digne et respectueux » de ses élèves qu’à leurs performances physiques.
Kenyou Mochizuki, à droite sur la photo, suit les cours de son père depuis peu. La pratique du Yoseikan Budo n’a jamais été imposée dans la famille. C’est une règle, l’envie doit venir des enfants.
Elsa Hellemans
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